Les éventails d’Utagawa Hiroshige au Musée Guimet
Le musée Guimet présente, pour la première fois en France, un ensemble unique d’estampes d’Utagawa Hiroshige (1797-1858) destinées à orner des éventails. Réalisées entre 1830 et 1850, elles comptent parmi les plus rares et les plus élaborées de l’œuvre de l’artiste. Celui-ci est l’un des derniers grands imagiers du Japon, de l’époque d’Edo. Ces feuilles d’éventails révèlent l’inventivité graphique et la diversité de son travail. Travail sur les sites célèbres de la ville d’Edo et les paysages des provinces japonaises. Sur les subtiles compositions de fleurs et d’oiseaux. Sur les portraits féminins, les scènes historiques, littéraires ou les images parodiques. Les œuvres proviennent de la collection Georges Leskowicz, qui possède l’une des plus belles de ce genre au monde.
Accessoire saisonnier et éphémère, l’éventail plat en bambou (Uchiwa) se popularisa au Japon à l’époque d’Edo (1603-1868). Il devint l’un des supports d’expression de la créativité des maîtres de l’école picturale japonaise ukiyo-e. Il fut d’abord vendu pendant l’été par des colporteurs ou dans des échoppes provisoires à l’occasion de fêtes. Les éventails d’Edo furent proposés à partir de la fin du 18e siècle à la devanture des marchands d’estampes et de livres illustrés, lorsqu’ils commencèrent à être signés par des artistes célèbres.
Un accessoire préservé
Objets jetables, ces éventails ont pour la plupart disparu. Les estampes qui nous sont parvenues, non découpées et dans leur premier tirage, sont celles qui ne furent jamais montées sur leur armature, préservées par les éditeurs d’estampes ou les collectionneurs. Beaucoup de ces œuvres sont aujourd’hui uniques, ou conservées en de très rares exemplaires de par le monde.
Hiroshige réalisa plus de 650 estampes destinées à orner cet accessoire du quotidien. L’exposition invite à découvrir sa grande créativité graphique ainsi que les thèmes de prédilection de l’artiste. Le tout, à travers une sélection de quelque 90 œuvres, parmi les plus belles de Georges Leskowicz, la plus importante collection privée de feuilles d’éventails de l’artiste.
Parmi les œuvres exposées, certaines dépeignent des sites célèbres de la ville d’Edo (aujourd’hui Tokyo). On y découvre des vues urbaines, jardins d’agrément, temples, lieux de distraction et d’excursion. Mais aussi le « quartier des plaisirs » de Yoshiwara. Ces représentations sont marquées par les saisons, par des moments particuliers de la journée. Rituels ou fêtes également, et toujours animées de personnages, souvent féminins. Les paysages des provinces du Japon décrivent des stations thermales ou des vues maritimes. Lieux de pèlerinage, ou encore la traversée de fleuves peuvent également servir d’inspiration.
« Le monde des plaisirs » et les thèmes fictionnels à la mode sont aussi illustrés sur les éventails de Hiroshige. Il y expose une grande variété de sujets. Des personnages féminins élégants, dans leur cadre quotidien ou associés à des sites célèbres. Des thèmes littéraires, classiques ou issus du répertoire contemporain du théâtre kabuki, voire du roman burlesque. Enfin, les thèmes bucoliques composés de fleurs, végétaux, oiseaux et animaux occupent une place importante parmi les estampes présentées. Jusqu’au 29 mai 2023. guimet.fr