Pontivy, la ville du Morbihan qui a déclaré sa flamme à Napoléon et aux J.O.

Un concentré d'histoire au fil de l'eau

Alors que Pontivy déclarera sa flamme aux Jeux Olympiques le 6 juin prochain, c’est le moment de s’intéresser à cette destination. Une ville aux deux visages, unique en France, capitale médiévale de la très puissante famille des Rohan. Mais également l’une des deux seules communes françaises, avec La Roche-sur- You, en Vendée, reconstruite par Napoléon Ier. Incroyable et pourtant vrai, Pontivy fut appelée Napoléonville pendant une trentaine d’années, au 19e siècle, tant l’empereur la façonna ! Mais pour quelle raison et pourquoi cela se passa dans le centre de la Bretagne ? On remonte le temps pour le découvrir.

Napoléonville, un chantier titanesque

pontivy canal Brest Nantes
pontivy fantassin

Fief de la famille des Rohan, Pontivy est rebaptisée Napoléonville en 1802 par Bonaparte, séduit par son identité révolutionnaire. Mais la ville doit essentiellement ce traitement à sa situation géographique. Car, elle se trouve à mi-chemin de Brest et de Nantes. Un point stratégique pour le percement d’un canal, d’un bout à l’autre de la Bretagne. En 1804, débute le creusement des canaux du Blavet et d’Ille-et-Rance. Puis, en 1806, la construction du canal entre Nantes et Brest. Napoléonville sera également un centre militaire imposant, en pleine menace du blocus britannique. Ordre est donné de canaliser les voies d’eau et de doter la ville de rues bordées de bâtiments administratifs et militaires. Ou encore, judiciaires et religieux, à l’architecture remarquable. Mais lorsque l’Empire s’effondre, beaucoup reste à faire ! Son nouveau nom est abandonné au profit de Pontivy, pour n’être repris que le temps du second Empire.

Pontivy, une aventure impériale

pontivy tribunal

L’empreinte de Napoléon dans le « quartier impérial » est partout dans son architecture. Au milieu de ses rues en damier, héritées de la Grèce antique, on découvre la place d’Armes et le tribunal. Ainsi que la caserne de cavalerie, la mairie-sous-préfecture, le lycée impérial (actuel lycée Joseph Loth) et l’église Saint-Joseph. Ici, les rues rectilignes se croisent à angle droit et les larges artères s’agrémentent de jardins. Aux édifices monumentaux s’ajoutent de grandes demeures bourgeoises. Par la volonté impériale, Pontivy devient une ville moderne et s’honore d’être la troisième ville de Bretagne, avec Rennes et Nantes. Autant de symboles du pouvoir Napoléonien…

Sur les traces de Napoléon Ier et Napoléon III

pontife église impériale
pontife vitrail avec blason

Le souvenir de l’empereur s’affiche même dans la toponymie des noms des rues d’Austerlitz, d’Iéna, Joséphine, Marengo et du quai d’Arcole. Une construction lente, retardée, faute de moyens. Le point final étant posé par Napoléon III avec la construction de l’église Saint-Joseph et de la gare. Mise en service en 1864, laissée à l’abandon par la SNCF, Jean-Philippe Vanwalleghem, un passionné du monde ferroviaire, l’a rachète. Puis la restaure. Aujourd’hui, grâce à l’association Chemins de Fer du Centre Bretagne, un ancien autorail des années 50 et 60 baptisé « Napoléon Express » fait découvrir les beautés de la vallée du Blavet, de juillet à septembre. Une escapade de 35 kilomètres, au départ de la gare de Pontivy où figure encore sur le pignon d’origine, l’inscription « Napoléonville ».

Le Pontivy de la famile des Rohan

pontife château Rohan
pontife rue médiévale

Entre façades napoléoniennes et ruelles médiévales, Pontivy vaut bien que l’on s’y arrête une journée, car son histoire est riche. La ville doit son nom au pont construit sur le Blavet par le moine Ivy, qui la fonda au 7e siècle. Au 12e siècle, elle devint la capitale du duché des Rohan qui y firent construire un impressionnant château fort. Parfait exemple de l’architecture militaire du Moyen-Âge. Au pied de ses tours en poivrière, la balade dans le vieux quartier, autour de la place du Martray, est un pur bonheur. Maisons à colombages et encorbellement, chapelles, fontaines rappellent que la cité connut son heure de gloire. Cela, grâce à la fabrique de cuirs et de toiles, sur les deux rives du fleuve.

Voyage spirituel à l’abbaye de Timadeuc

À quelques kilomètres de là, parmi les champs et les prairies qui bordent le canal de Nantes à Brest, se dresse l’abbaye cistercienne Notre-Dame de Timadeuc. Un manoir perdu où s’installent, en 1841, trois religieux venus de l’abbaye de la Trappe, dans le Perche. Ils désirent y restaurer la vie monastique, disparue à la Révolution. En 1860, un incendie criminel ravage le prieuré, suivi d’un décret gouvernemental qui ferme Timadeuc et expulse ses moines. Haut lieu de la résistance pendant la Seconde guerre mondiale, celle-ci abrita des aviateurs, des résistants et des dépôts d’armes. Des moines furent arrêtés et envoyés en déportation. Ce qui lui valut la médaille de la Résistance. Aujourd’hui, les moines partagent leurs journées entre temps de prières et de travail. Ils produisent de délicieuses pâtes de fruits et des fromages réputés, tels que la Trappe et le Timanoix, affiné à la liqueur de noix.

La renaissance de l’abbaye de Bon-Repos

pontife abbaye de Bon-repos

Le canal poursuit ses méandres jusqu’à l’abbaye de Bon-Repos, dont l’histoire commence par une légende datée de 1184. Alors qu’il chasse dans la vallée du Blavet, Alain III, vicomte de Rohan, décide de se reposer. Dans son sommeil lui apparaît la Vierge qui lui montre un majestueux monastère. À son réveil, il décide de faire bâtir une abbaye à l’endroit même de cette vision. Par ce biais, les Rohan montrent leur puissance ! L’abbaye s’épanouit et devient abbaye royale de France lorsqu’Anne de Bretagne épouse Charles VII. La Révolution sonne le glas de Bon-Repos. Délaissée et meurtrie, elle sommeille durant plus de 150 ans. En 1986, une poignée de passionnés fonde l’association des compagnons de l’Abbaye de Bon-Repos. Et œuvrent à la restauration du monument. Chaque été, la « belle endormie » devient le théâtre d’un spectacle en son et lumière joué par plus de 350 figurants. Une aventure féerique… tourisme-pontivycommunaute.com

Bourges : les attraits cachés d’une ville d’art et d’histoire

Nîmes, sous le signe de la romanité

Rêves de jardins au Château de Villandry, en Val de Loire

L’appartement de parade enfin restauré au Château de Carrouges